A l’occasion de la Saint Valentin, j’aimerais vous parler de Elise et Henri, mes grands-parents maternels. Je ne les ai malheureusement pas connus mais je voudrais leur rendre hommage ici en leur consacrant ce billet.

La carte postale ci-dessous m’a été donnée récemment par la petite fille de Madeleine, la sœur d’Henri.

Elle est datée du mardi 15 septembre 1925 à Lille. Il y a presque cent ans !

Elise et Henri posent derrière un décor de voiture des années 1920 de type Citroën .

On peut y lire :

A ma mère
Le 15-sept-1925
Souvenir de Lille
Lise et Henry

La carte est adressée à Madame veuve Dheedene Brutin, 27 rue de la vigne, cour Delattre N°2, à Roubaix. Il s’agit de la maman d’Henri, autrement dit mon arrière-grand-mère : Virginie Brutin, alors âgée de cinquante-sept ans.

Quelle émotion de découvrir cette carte postale ! Je ne savais pas que Lise était le « petit nom » de ma grand-mère ni pourquoi mon grand-père a signé ici « Henry », ancienne orthographe de ce prénom.

Après quelques recherches, il est possible d’affirmer que cette photographie a été prise dans une fête foraine. On y trouvait ce genre de stand où l’on posait derrière un décor « trompe-l’œil » représentant une voiture ou un avion par exemple.

Compte tenu de la date (15 septembre), il est fort probable que cette photographie ait été prise à la Foire aux manèges de Lille (voir La grande foire aux manèges et la braderie de Lille).

Cet événement a lieu chaque année au mois de septembre et fêtera en 2024 sa 188ième édition. La foire accueille environ cent quatre-vingts attractions sur l’Esplanade du Champ de Mars, près de la Citadelle de Lille. C’est l’une des plus importantes en France par le nombre de manèges et la diversité des attractions.

Qui sont « Lise et Henry » ?

Elise Druon, « Lise », est née le 26 mars 1894 à Noyelles-sous-Lens (Pas-de-Calais). Elle a donc trente-et-un ans.

Henri Dheedene, « Henry », vingt-neuf ans, est né le 27 octobre 1896 à Tourcoing (Nord).

Ils sont fiancés et vont se marier le 24 octobre prochain.

C’est une deuxième union pour chacun d’eux…

A sa naissance, Elise est la fille naturelle de Julie Gautaux, ouvrière âgée de dix-huit ans.

Elle est reconnue et légitimée deux ans plus tard, le samedi 25 juillet 1896, au mariage de ses parents : Herman Druon, cordonnier âgé de vingt ans, et Julie, du même âge.

Elise sera l’ainée d’une famille de six enfants dans les mines du Pas-de-Calais à Loison-sous-Lens.

Elle se marie le 12 janvier 1918 avec un jeune soldat, Gérard Wismans (voir l’article Une carte postale ancienne), mort pour la France le 27 avril 1918 dans la Somme par intoxication au gaz.

Henri est le fils de Henri, tisserand âgé de vingt-six ans et de Virginie Brutin, vingt-sept ans, sans profession.

Il se marie le 29 juillet 1922 avec une jeune fille de dix-huit ans, Valentine.

Un an plus tard, Valentine est enceinte mais Henri n’est pas le père. Le jeune couple se sépare. Il habite à Lille et elle à Roubaix. L’enfant vient au monde le 26 avril 1924 et c’est la sage femme qui fait la déclaration en mairie. L’enfant, prénommé Roger, est alors déclaré sous le nom Dheedene, fils de Henri et Valentine.

Un mois plus tard, le divorce entre Henri et Valentine est prononcé au profit de l’époux.

Le 31 octobre 1924, un jugement en désaveu de paternité est acté et l’enfant ne peut plus porter le nom de Dheedene. Il sera finalement reconnu par le mariage de Valentine avec un certain François D. en 1927.

Mais revenons en 1925

En ce début d’année, Elise vit seule à Lille au 78 de la rue d’Esquermes dans un petit immeuble où elle loue une chambre au dessus d’un café.

Un dimanche, elle reçoit quelques amis chez elle. Mais elle ne possède pas assez de chaises. Elle s’adresse alors à son voisin de palier pour lui demander quelques sièges à prêter.

Celui-ci n’est autre que Henri. Il habite seul dans une grande pièce sur le même palier qu’Elise. Employé dans le magasin Au bon Génie, rue du Molinel, il livre des meubles. C’est un travail pénible pour un jeune homme à la santé fragile, conséquence des mauvais traitements subis pendant la Grande Guerre (voir Une émotion généalogique).

Henri prête très volontiers quelques chaises à cette belle, jeune et gentille voisine. Il lui propose même de lui prêter son phonographe. Elise est confuse, elle trouve ce bel homme très aimable et accepte volontiers. Pour le remercier, le trouvant très serviable, elle l’invite chez elle à se joindre à ses amis.

Dès lors, Elise et Henri se revoient et s’apprécient de plus en plus. Ils passent notamment ensemble cette belle journée du 25 septembre à la foire de Lille.

Leur mariage est célébré le samedi 24 octobre 1925 à la mairie de Lille.

Cliquez pour voir l’acte de mariage

Et de cette union nait le 23 février 1927 ma maman : Gisèle.