La grande foire aux manèges et la braderie de Lille – années 1930
A partir du dernier samedi du mois d’août, et jusqu’au dernier dimanche de septembre, à Lille, sur l’esplanade, près de la citadelle, c’est :
la grande foire aux manèges !
Avec toute la famille, nous y allons tous les ans. Nous choisissons le premier dimanche de septembre car c’est en même temps la grande braderie et le lundi est chômé.
Nous passons donc l’après-midi du dimanche à la foire et toute la nuit à la braderie.
Mon père m’emmène sur les autos tamponneuses.
On se fait tamponner de partout. On est secoué comme une salade dans un panier. D’un seul coup, nous sommes tamponnés brutalement par l’arrière, je pars en avant et je me cogne la figure sur le volant. Résultat, ma lèvre est ouverte, j’ai du sang sur mon costume. J’ai mal, je pleure, mon père est attristé, désolé ; les autres continuent de nous tamponner. Il me prête son mouchoir pour me le mettre sur la lèvre. On ne peut pas s’arrêter, cela serait trop dangereux. J’ai la lèvre qui gonfle, j’ai l’impression d’avoir une lèvre comme celle des femmes à plateau, que j’ai vues sur une photo à l’école, lors d’une leçon sur les colonies françaises en Afrique.
Enfin le manège s’arrête, nous descendons. Ma mère n’est pas contente, elle houspille mon père : « Je t’avais dit de ne pas prendre le gosse avec toi, c’est bien trop brutal pour un enfant ! ». Elle ne me laissera plus monter sur ce genre de manège. Mon père cherche des excuses, il multiplie les explications pour se disculper, il rit, il plaisante pour changer la conversation.
Ma grand-mère et moi, nous choisissons les chevaux de bois.
C’est un superbe manège décoré de petits et de grands miroirs, ils sont de formes différentes, ronds, carrés, hexagonaux, octogonaux. Ils brillent des mille feux de la foire. Nous sommes au pays des mille et une nuits. Toutes les barres et les tubes qui soutiennent les chevaux sont en cuivre, ils ont été astiqués et ils ressemblent à de l’or. C’est un très grand manège, il faut grimper les trois marches pour y accéder. Les chevaux qui montent et qui descendent sont blancs avec des selles rouges. Ils donnent l’impression d’être pleins de fougue, d’avoir l’intention de sauter hors du manège pour aller gambader librement, les naseaux au vent, dans les allées du bois de Boulogne tout proche.
Certains de ces chevaux ont la bouche ouverte.
Ils montrent deux rangées de grandes dents blanches, comme celles de Fernandel sur les affiches de cinéma. Leur langue est d’un rouge vif. Ces chevaux sont impressionnants, leur crinière et leur queue sont fournies et longues. Il faut passer sous leur tête pour aller s’asseoir dans une nacelle en forme de demi-lune, dont l’intérieur est garni de velours rouge, fixé avec des clous ronds en cuivre. La banquette est rembourrée. Au-dessus de nos têtes, au fond de cette embarcation, pour décorer l’intérieur, on a fixé un miroir biseauté en forme de losange. Ce croissant de lune se balance pendant que tourne le manège.
A chaque tour du manège, nous apercevons la famille.
Elle attend avec un peu d’impatience l’arrêt du manège pour continuer sa promenade. La musique n’arrête jamais, mais pas le manège, qui ralentit progressivement et qui, doucement, s’immobilise. Les gens descendent, d’autres montent, ils se croisent, ils se bousculent un peu, ils s’excusent, mais pas toujours. Nous allons, ma grand-mère et moi, rejoindre la famille satisfaite de pouvoir enfin reprendre la promenade au milieu des manèges et des baraques.
Nous sommes arrivés maintenant devant les balançoires.
Elles ont la forme de petites barques, on y monte à deux et on est assis face à face. Pour mettre en mouvement cet engin, le forain pousse un peu, puis il faut se tenir debout, plier les jambes et se redresser en donnant brusquement un coup de reins. A chaque balancement, la balançoire prend progressivement de la hauteur. Il faut l’amener le plus haut possible. Lorsque la balançoire atteint sa hauteur culminante, une cloche sonne et les balancements sont salués par des Ah! » et des « Oh! » des spectateurs.
Si une fille est dans la balançoire, le vent soulève ses jupons à chaque montée et on entend crier : « Baisse le capot, on voit le moteur ! ». Arrivé à ce stade et entendant la cloche, le propriétaire des balançoires actionne le frein. Une planche monte un peu, le dessous de la balançoire frotte sur cette planche à chaque passage. Ce qui ralentit l’engin et réduit ainsi la hauteur. Je ne monte jamais sur les balançoires, leurs mouvements me donnent la nausée et je suis malade pour le restant de la journée.
Le manège que j’aime et que je préfère possède des petites autos, des vélos, des motos, un autobus, des petites voitures tirées par des chevaux, des petits cochons roses avec leur queue en tire-bouchon.
Toutes ces choses sont fixées sur le plancher en bois du manège. Comme dans tous les manèges pour enfants, le forain laisse pendre un ballon au bout d’une corde sous lequel est fixée une sorte de queue. Si on attrape cette queue, elle se décroche, alors on a gagné un tour gratuit. Mais ce n’est pas aussi facile que cela paraît.
Le patron fait monter et descendre ce ballon, il le fait monter à notre passage, ainsi il nous échappe. Le propriétaire du manège favorise les frères et sœurs, car si l’un d’eux attrape la queue, il obtient un tour gratuit, et les parents se sentent obligés de payer un autre tour aux autres. Dans ce manège, la voiture qui me ravit est une conduite intérieure. On y accède par une petite portière. Attention ! Si la place du chauffeur est déjà occupée, je ne veux pas monter. Etre à l’arrière ne m’intéresse pas, je n’aime que la place devant le volant.
Cette année, il existe à la foire un nouveau manège.
C’est comme les autos tamponneuses, le manège est de la même dimension, mais au lieu d’autos ce sont des bateaux. Il y a environ 70 cm de profondeur d’eau, les bateaux sont un peu plus grands que les autos, ils fonctionnent aussi à l’électricité avec une hampe qui prend l’électricité sur un grillage au plafond. Autour des bateaux, une grosse bouée protège des heurts avec les autres embarcations. Chaque embarcation porte un numéro. Des hommes munis de grandes bottes en caoutchouc se promènent pour ramener les bateaux qui arrivent en fin de course. Par exemple, si l’on monte dans l’embarcation n° 2, l’embarcation n°3 rejoint le quai, remorquée par l’homme de service, puis celle qui porte le n° 4, etc., jusqu’au moment où ils reviennent à la nôtre.
Nous passons maintenant devant les baraques où l’on boit de la bière et où l’on mange des frites et des moules.
On entre dans l’une d’elles, pour se désaltérer et calmer une petite faim. Seulement les frites salées me rappellent cruellement ma lèvre boursouflée : ça pique, mais je fais un effort et je mange quand même mes frites jusqu’à la dernière. Puis nous reprenons notre balade, mais cette fois nous empruntons l’allée des baraques de loterie. On peut gagner des kilos de sucre, des canards vivants, de grands vases chinois, des pendules, des poupées et du nougat. Plusieurs fois, on risque une pièce dix sous. Seul Emile gagne un brûle-parfum chinois. On piétine dans la poussière, il faut élever la voix pour se faire entendre. Toutes les sortes de musiques se mélangent, c’est la cacophonie.
Mon père aime tirer à la carabine : il fait toujours mouche.
Il est vrai qu’il a un diplôme de champion de tir du Nord. On est devant une baraque de tir, celle-ci est spéciale, il n’y a pas de cadeaux à gagner. Si l’on fait mouche, on est pris en photo. Papa demande à maman de me prendre dans les bras et de se mettre contre lui. Il tire, un éclair de magnésium, et nous sommes photographiés. Le gars nous donne un ticket. Il faudra repasser dans une heure pour avoir notre photo.
L’animateur du « train fantôme », aidé de son porte-voix, invite les chalands à entrer dans son manège.
Il promet des « sensations fortes, du mystère, des monstres qui vous attendent dans les dédales fantomatiques du train ». On s’installe dans une petite voiture, il y a trois places dans chaque. Aussitôt, ça démarre. On entre tout de suite dans un tunnel, il y fait noir. Notre véhicule tourne sans cesse, une fois à droite, une fois à gauche, on est secoués comme un prunier. Une lumière rougeoie, un squelette apparaît puis aussi vite disparaît. Il laisse la place à un fantôme sous un drap blanc qui secoue des chaînes en poussant des « hou ! hou ! hou ! ». On frôle une grande toile d’araignée, les fils nous frôlent le visage. Une tête de mort nous fait face et se dissout dans le noir. En voici une autre, phosphorescente, et c’est fini, nous sortons du tunnel et nous nous retrouvons dans la lumière. Le tour n’a duré que deux minutes, c’était rapide.
Continuons notre progression, en nous frayant un passage dans une foule de plus en plus dense. Je tiens bien fermement la main de ma grand-mère pour éviter de me perdre. Un grand nombre d’enfants se perd dans cette foule qui déambule dans la foire. Des âmes charitables conduisent les enfants égarés au poste de police de la foire, où leurs parents les récupèrent.
Les grandes personnes m’entourent de trop près et m’étouffent.
Je n’entends plus que des cris, un mélange de musiques tonitruantes, des rires, des exclamations. Je suis fatigué, écrasé, étouffé, cette promenade à la foire tourne au cauchemar. La situation frôle l’insupportable. Le jour est tombé, c’est le crépuscule, les éclairages électriques sont plus lumineux, ils ajoutent à l’ambiance un cachet inhabituel. Les odeurs sont parties intégrantes de ce grand décor provisoire. Il y a une odeur dominante, celle qui émane des baraques à frites, à laquelle vient se superposer le fumet des moules, le parfum des beignets, les chatouillis sucrés des barbes à papa. Tous ces mélanges d’odeurs participent à la construction de cette féerie.
Un vieux monsieur barbu, comme Filochar un personnage des Pieds nickelés, coiffé d’un large chapeau en feutre gris, tient un bâton au bout duquel sont attachés des ballons de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.
Ces ballons gonflés au gaz, prisonniers de leur ficelle, attendent un moment propice pour prendre leur envol. Ils espèrent qu’un enfant, émerveillé par leur beauté, tende la main. Si les parents offrent à l’enfant un de ces ballons, le visage du bambin s’illumine d’un large sourire. Il s’en va, en serrant bien fort dans sa petite menotte la ficelle qui retient au-dessus de sa tête son trésor coloré. Il arrive que l’enfant laisse échapper son beau ballon rouge ou bleu, alors, pendant que cette boule de couleur s’échappe et monte vers les étoiles, l’enfant pleure.
De grosses larmes salées coulent sur son gentil minois. Pour le calmer, ses parents le mettent sur un manège. Le miracle de la foire s’accomplit, l’enfant sur le manège, parmi les autres, est heureux. Il a séché ses larmes d’un revers de la main, il renifle, il rit, ses yeux brillent. Et pendant ce temps-là, d’autres ballons prennent le large et vont rejoindre dans le ciel leurs frères. Ils disparaissent, ils se fondent dans les lumières de la fête qui rougissent la voûte céleste au-dessus d’une ville en liesse. Cette nuit, les Lillois ne dormiront pas.
Nous marchons maintenant devant les roulottes des marchands de nougat de Montélimar.
Ces roulottes sont ouvertes vers le public sur toute leur longueur. Elles sont très éclairées, leur étal est couvert de bonbons de toutes sortes. Le nougat, incontournable dans une foire aux manèges, est vendu en barres de diverses dimensions ou concassé et conditionné en petits paquets.
Souvent, on peut voir les vendeurs, armés d’un petit marteau en acier inoxydable, casser des blocs de nougat pour en faire de petits morceaux. Je vous rappelle qu’il y a aussi les oursons et autres animaux en pain d’épice, sur lesquels on fait écrire son prénom avec du sucre. Tous ces promeneurs ne quitteront pas la foire sans avoir mangé des beignets, acheté du nougat et fait graver leur nom sur un ourson ou sur un poisson en pain d’épices. C’est une tradition, ainsi que la barbe à papa que, pour ma part, je n’ai jamais aimé, parce que cela colle à la figure et que cela attire les guêpes. Il y a aussi les pommes d’amour, des pommes enveloppées de sucre. Elles sont rouges et piquées dans un bâton.
On ne peut pas raconter une journée à la grande foire de Lille sans parler du grand, de l’immense, de l’important cirque NAPOLEON RANCY.
Son immense chapiteau, ses roulottes aux couleurs vives, ses camions, les tentes des animaux, les cages des bêtes féroces, tout cela occupe une large place du champ de foire. Au sommet des mâts du chapiteau, des drapeaux flottent au vent. Le cirque est toujours complet, il faut souvent louer ses places à l’avance, surtout si l’on désire de bonnes places. Tous les ans, il est présent. Est-il possible d’imaginer la foire sans son cirque ? C’est impossible ! Aller au cirque, c’est faire le tour du monde sous une grande toile. C’est faire connaissance avec d’autres odeurs. C’est aussi découvrir d’autres horizons.
Le cirque, c’est le rire, la peur, les émotions, la musique, la lumière, les cris, les applaudissements.
Ce sont des costumes de paillettes, des hommes comme des Apollons, des femmes qui ressemblent aux sylphides, à des naïades, à des Vénus. Le spectacle est partout, en haut du chapiteau, les trapézistes défient les lois de la pesanteur. Les animaux sauvages sautent au travers d’un cercle de feu. Ils obéissent en grognant aux ordres du dompteur et ils nous font frémir de terreur et applaudir d’admiration.
On fait connaissance avec des animaux en provenance de toutes les parties du monde. Les éléphants tiennent une grande place et attirent beaucoup de monde. Les odeurs des fauves apportent de l’exotisme et font oublier les odeurs des frites. Et surtout il y a les clowns : pas de cirque sans les clowns ! Du cirque sans les clowns, c’est du pain sans sel ! Il existe plusieurs sortes de clowns : les musicaux, les burlesques et les acrobates. Les nains en costumes bariolés courent sur la piste dans tous les sens. Ils font un peu peur.
On stationne un moment devant le podium de la parade. Des coups de grosse caisse choquent nos tympans. Des cymbales résonnent. Les cuivres comme les trompettes et les saxophones entament l’air du cirque : « Si tu veux faire mon bonheur, Marguerite, Marguerite, si tu veux faire mon bonheur, Marguerite, donne- moi ton cœur ! ».
Avant de quitter la foire aux manèges pour celle des jouets, nous entrons dans le Palais des Glaces.
Pour y accéder, il faut emprunter obligatoirement un labyrinthe conçu en panneaux de verre. Il faut, par ce dédale de vitres, trouver le chemin du Palais des Glaces et, du même coup, celui de la sortie. A travers les vitres, on peut voir les autres en aussi grande difficulté que nous. Plusieurs fois, on se heurte au bout d’une impasse. Il faut faire demi-tour et prendre un autre chemin.
Certains participants s’énervent, beaucoup d’autres rient, c’est fait pour cela. Au bout du parcours, on se trouve devant des glaces déformantes qui vous allongent : ou vous êtes tout petit et très gros, ou vous vous voyez filiforme, complètement déformé. Ce ne sont que rires. On s’esclaffe, on s’amuse beaucoup, on est heureux.
On sort enfin de la foire, on traverse le pont sur la Deûle pour rejoindre la foire aux jouets et aux pains d’épices.
De chaque côté d’une allée, des roulottes-magasins offrent une grande variété d’animaux en pain d’épices. On y vend aussi beaucoup de jouets. Tous les ans, ma grand-mère m’offre un jouet : c’est une tradition, on offre la foire aux enfants.
Au bout de cette allée, le café du Ramponneau nous attend. Il est au bord de la Deûle. Il y a même un ponton érigé sur pilotis qui surplombe l’eau du canal. Sur ce ponton, des tables et des parasols attendent les clients assoiffés et fourbus d’avoir piétiné sur ce champ de foire. On s’y repose un peu en dégustant un bon verre de bière de la Brasserie Moderne ou des Débitants réunis. Moi, j’ai une limonade blanche, une Reina, même si je préfère une bière. Dans la soirée, nous quittons le champ de Mars par le boulevard de la Liberté pour rejoindre la place de la République et la rue de Béthune.
La grande Braderie de Lille
Après la foire, nous passons la nuit à la braderie. Les bradeux, installés depuis le dimanche matin, ne sont toutefois pas autorisés à vendre avant minuit, et cela jusqu’au lundi à midi.
Les principales rues de Lille sont envahies par les bradeux mais aussi par les promeneurs.
On dit aussi des chalands. Les cafés, les brasseries, les restaurants ont installé des tables et des chaises en terrasse. Les Lillois s’y installent pour y déguster les traditionnelles « moules frites ».
A côté de chaque établissement, une montagne de coquilles vides de moules, s’élève au fur et à mesure de leur consommation.
Nous, on se promène dans les rues principales. Chaque fois que la soif se fait sentir, nous nous arrêtons à une terrasse, une bonne bière nous remet d’aplomb. Mais, chaque fois que nous sommes à Lille, nous faisons une pause, place de Béthune, au Palais de la Bière.
C’est notre quartier général et c’est aussi le point de ralliement des oncles de ma mère, les frères de mon grand-père. Lorsque nous les rencontrons, c’est la fête, c’est la nouba, ce sont des “amusettes”. En les voyant, ma mère dit toujours : « On n’est pas là de rentrer ». Et c’est vrai, on chante chacun sa chanson que tout le monde reprend en chœur. On retourne les vestes pour se déguiser, on parcourt la brasserie en se tenant par les épaules en faisant la chenille. On chante en marquant le pas.
Au Palais de la Bière, des grandes plantes vertes sont installées dans des grands pots près de chaque table. Un jour, mon père se lève brusquement pour chanter « Je t’ai donné ma fleur », il écarte violemment les bras et, de ce fait, il envoie promener une plante verte. Emile, qui se trouve à proximité, rattrape la plante mais seulement par les tiges. Vous voyez le résultat, la plante est sauvée mais le pot tombe sur le sol et se casse. Emile saisit l’occasion et, en chantant, répond à mon père : « Et tu m’as cassé le pot ». Cela donne : « Je t’ai donné ma fleur, et tu m’as cassé le pot ».
Au petit matin, on prend le chemin de la maison, on retourne à Fives à pied.
Maman, qui souffre des pieds, enlève ses chaussures et fait tout le chemin “à pieds de bas” comme on dit. On chante des airs de marche. Ma cousine Christiane et moi, nous marchons en avant en faisant semblant de jouer du tambour. On chante des airs de marche, comme « va–t’en vite à la maison, ta mère, ta mère, va –t’en vite à la maison, ta mère t’attend.»